ISSN 1661-1802 |
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Musique en ligne : la discothèque publique face à la
médiathèque universelle?
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RésuméLa musique enregistrée est présente depuis de nombreuses années dans les collections des médiathèques de lecture publique. Ces institutions ne peuvent ignorer le développement de la diffusion commerciale de musique sur Internet qui implique des questions importantes en termes de politique documentaire et d’adaptation aux besoins des usagers. Cet article propose un tour d’horizon des offres commerciales existantes aujourd’hui ainsi que des services destinés spécifiquement aux bibliothèques. Il questionne sur la place que pourront prendre les bibliothèques de lecture publique dans ce nouveau marché. Mots-Clés : Musique en ligne, Musique sur Internet, mp3, Téléchargement, Streaming, DRM, Musique libre, Creative Commons, (Bibliothèque de lecture publique, Discothèque) |
INTRODUCTIONLa musique possède une place privilégiée dans les médiathèques de lecture publique. Les travaux des discothécaires en ont fait l’un des premiers champs d’une approche multi-support. Comme les autres domaines du savoir et de la culture, la musique vit depuis la fin des années nonante sa dématérialisation et l’apparition de modes de diffusion en ligne. Celui-ci représentera probablement l’un des principaux vecteurs de la « révolution numérique » des bibliothèques de lecture publique. Les bibliothèques universitaires et scientifiques ont vécu cette révolution, il y a quelques années déjà, avec les périodiques. Des interrogations prégnantes restent, mais le document numérique est déjà parti intégrante des collections de ces bibliothèques. Ce n’est pas le cas pour les bibliothèques de lecture publique. Si celles-ci peuvent s’appuyer sur les avancées de leurs consoeurs scientifiques sur les plans techniques et juridiques, il faut noter une différence de taille que représente le marché. Dans le domaine qui nous intéresse, celui des documents audiovisuels édités, les bibliothèques ne constituent pas un débouché important pour la grande majorité des éditeurs (les « majors » de la musique et du film). La problématique de la musique en ligne se révèle complexe. Les technologies ont déjà quelques années, mais ce n’est que depuis deux ans environ que de véritables applications commerciales se développent. La presse, généraliste ou spécialisée, se fait régulièrement l’écho des nouveaux services de musique en ligne lancés à grand renfort de marketing. Une vision d’ensemble y est par contre rare. Des comparatifs utiles existent, mais ils se limitent aux grandes plates-formes de vente (Mabon & Genoud, 2005). Nous avons trouvé assez peu de documents offrant un aperçu global de la problématique. On peut toutefois relever un excellent numéro de l’émission de la TSR « A bon entendeur » (Mariot, 2006). Nous nous proposons donc d'effectuer ici un état de la question. Nous ne ferons qu’évoquer ici les problèmes liés au téléchargement dit illégal. Cette question constitue certes la toile de fonds de nombre de débat autour de cette problématique, mais les bibliothèques ne peuvent bien entendu que se positionner du côté des offres légales. Nous verrons toutefois que ce phénomène influe sur les usages. Nous commencerons donc par décrire l’émergence de ce marché légal, et verrons par la suite que « légal » ne signifie pas forcément payant. Nous donnerons ensuite un aperçu des principaux formats informatiques. Nous nous pencherons sur les systèmes de gestion des droits mis en place pour contrôler les utilisations des fichiers et qui se révèlent finalement plus important que le format informatique de compression. Nous examinerons les différentes applications qui découlent de ces technologies, en décrivant les systèmes de diffusion de musique en ligne dont nous avons connaissance, esquissant ainsi une typologie des sites. Force est d’admettre que celle-ci s’avérera forcément incomplète, puis rapidement obsolète, tant ce domaine semble évoluer rapidement. A l’issue de ce tour d’horizon, il restera difficile de répondre à la question qui nous préoccupe, à savoir quelle peut être la place des médiathèques publiques dans cet univers. Nous tenterons d’examiner les différentes solutions existantes dans la perspective d’une bibliothèque publique, notamment par la grille de lecture qu’offre le concept de concurrence défini par D. Lahary (2005).
Apparition d’un marché de la musique en ligneLe développement de l’échange de fichiers musicaux sur Internet, devenu un phénomène massif dès le début des années 2000, a été identifié par l’industrie musicale comme un facteur aggravant de la crise qu’elle traversait. Ses premières réactions ont été de combattre ce nouveau mode de diffusion, illégal en regard du droit d’auteur, sans toutefois proposer d’alternative. Les solutions légales ont été longues à apparaître. Elles se développent fortement depuis 2004. Cela est dû à des facteurs concomitants :
Il ne s'agit pas ici pas de chanter la mort du disque. La vente en ligne pèse encore peu dans l’économie de la musique. Selon l’OCDE (Wunsch-Vincent & Vickery, 2005), ce marché représentait en 2004 entre 1 et 2 % des revenus de l’industrie musicale. Il pourrait évoluer entre 5 et 10 % d’ici 2008 selon différentes projections. Il faut noter que la Fédération internationale de l’industrie se montre particulièrement optimiste dans son rapport 2006 sur la musique en ligne (IFPI, 2006). Elle y estime que la vente en ligne représente maintenant en France 6% du marché. 2004 et 2005 constituent deux années charnières. Les grandes maisons d’éditions commencent à entrevoir tout le potentiel financier de ce mode de distribution. L’influence réelle des échanges illégaux de fichiers musicaux par le biais des fameux réseaux « peer-to-peer » sur la chute globale des ventes de disques est largement discutée, ce n’est toutefois pas notre propos. La crise du disque est réelle, en France, les ventes ont connu une chute impressionnante depuis deux ans : - 31 % en valeur (Nicolas, 2005b), l’IFPI annonce des chiffres similaires pour la Suisse. Un autre facteur influe sur ce marché, et donc sur nos politiques documentaires. Il s’agit de la forte concentration que connaît ce secteur : 4.4% des références représentaient 90% des ventes en 2004 (Nicolas, 2005a). Ce phénomène tend à s’amplifier en un cercle vicieux : les majors en crise concentrent leurs moyens de production et de marketing sur les artistes les plus « rentables ». De plus, lorsque l’on sait qu’en France toujours, la moitié des ventes s’effectue dans des grandes surfaces, qui privilégient en général la rentabilité du mètre linéaire, on peut se faire quelques soucis. Que ce soit pour le marché physique ou le commerce de fichiers musicaux numériques, Internet peut s'avérer porteur. Il peut être considéré comme un espace d'échange, libéré des contraintes matérielles. Ce concept est particulièrement développé par Chris Anderson (2005). Traduit en français par « longue traîne » son concept peut se résumer ainsi. Internet permet de passer outre les contraintes du magasin physique. Un disquaire en ligne peut ainsi proposer un choix quasi illimité, ce qu'une échoppe aux rayons forcément restreints ne peut se permettre. Il peut ainsi proposer des références extrêmement pointues et atteindre facilement la « niche » constituée des amateurs du genre le plus spécifique, répartis sur toute la planète, ce qui est impossible pour un disquaire « physique » dont l'audience se limite en général à une ville. De plus les sites marchands mettent en place des systèmes de recommandations : « si vous avez aimé... vous aimerez... » pouvant conduire les utilisateurs vers de nouvelles découvertes. Issus des données récoltées lors des transactions de l'ensemble des clients, ces systèmes de conseils s'avèrent particulièrement efficaces. L'intérêt d'Internet réside donc dans le fait qu'il peut permettre la diffusion plus grande de toutes les productions situées dans la longue traîne : des oeuvres qui se vendent peu, mais dont le cumul représente, finalement, peut-être plus de ventes potentielles que les hit-parades et les best-sellers. Il s'agit bien entendu d'une vision utopiste de la diffusion des produits culturels sur Internet. Il n'est pas certain qu'à terme les échanges en ligne favorisent réellement la longue traîne. Ajoutons à cette brève analyse que ce sont les sonneries de téléphones mobiles qui représentent à l'heure actuelle le marché le plus prometteur pour la musique en ligne. L'industrie musicale retrouve là une source de revenus important, par le biais d'un public qui n'est pas réellement composé de mélomanes. Comme dans le marché physique du disque un même enregistrement peut être diffusé et vendu en ligne par des intermédiaires différents, avec des conditions différentes. Ce sont surtout les conditions d’utilisation qui peuvent varier. Chaîne de diffusion La chaîne de distribution de la musique en ligne peut se schématiser de la façon suivante. Le chemin noir étant le plus commun. L'apparition de la distribution de musique en ligne à la fin des années nonante avait fait naître l’utopie de la distribution directe de musique, sans l’intermédiaire du label (circuit grisé). A l’heure actuelle, les carrières, même modestes, bâties sur ce modèle restent l’exception (Wunsch-Vincent & Vickery, 2005). Les notions d’agrégateur et de plate-forme sont spécifiques au mode de distribution. Il convient donc de les définir plus précisément. Agrégateurs de contenus En règle générale, les
catalogues d'oeuvres numérisées
sont constitués par des agrégateurs
de contenus de type B2B (business to business).
L’agrégateur prend en charge le
traitement des aspects légaux et techniques.
Il vend ensuite son catalogue aux sites de vente
aux particuliers. « On demande distribution
» http://www.ondemanddistribution.com/FR/company.asp
(OD2), leader sur le marché européen
fournit ainsi la plupart des grands sites de
vente à l’exception d’iTunes.
Plates-formes de vente Nous retrouvons certes les intervenants qui pèsent dans le marché physique du disque. Les grandes surfaces culturelles d'abord comme la Fnac http://www.fnacmusic.com par exemple et leurs équivalents dans la distribution par Internet comme Alapage http://www.alapage.com par exemple. Les grandes surfaces alimentaires elles aussi bien présentes sur le marché du disque prennent position avec la musique en ligne, comme par exemple Migros http://www.exlibris.ch/downloadm.aspx en Suisse. De nouveaux acteurs plus ou moins attendus,
semblent appelés à jouer un rôle
important dans ce contexte. iNous rencontrons aussi dans le monde de la musique en ligne un fort investissement des fournisseurs d'accès Internet. Wanadoo en France par exemple http://www.wanadoo.fr. Pour ceux-ci, il apparaît clairement que la musique constitue un excellent moyen d'attirer ou de fidéliser des clients pour leurs offres haut débit. La musique semble constituer un très bon
moyen de générer du trafic et
donc des revenus publicitaires pour les sites
de type portail. Yahoo investit fortement dans
le contenu musical, comme on le verra plus loin.
Finalement, la musique en ligne semble être
considérée comme un excellent
produit marketing. Certaines grandes marques
l'utilisent pour leur image. C'est par exemple
le cas de Coca-cola http://www.mycokemusic.ch. Nouveaux usagesCertains auteurs relèvent des évolutions
marquées dans les pratiques et usages
liées à l'écoute avec le
développement de la musique en ligne
(Bogucki Duncan & Fox, 2005). Le sociologue Jean-Samuel Beuscart (Guillaud,
2005) a étudié les usages et pratiques
des internautes utilisant le peer-to-peer. Pour
lui, la modification des comportements liés
à la musique s'amorce dans les années
60. Depuis cette date, il apparaît que
les générations successives écoutent
toujours plus de musique. Le public devient
en outre de plus en plus éclectique dans
ses goûts. Les genres musicaux jouent
un rôle important dans la construction
identitaire. Krstulovic et Martin (2005) relèvent eux un déplacement de valeurs. Ce n'est plus tellement la bonne musique que recherche le public mais la bonne expérience musicale. Ce sont donc plutôt les échanges liés à la musique qui se trouvent valorisés. Les concerts, mais aussi toutes les formes de dialogue plus ou moins direct avec les artistes et entre amateurs que permet Internet. Là aussi, nos pratiques de médiathécaires ne paraissent pas tout à fait hors champs. Médiations et animations consacrées au disque représentent bien une valorisation de l'échange. Reste la question de savoir comment nous les transposerons « en ligne ». Formats de compression et mesures techniques de protectionLe fameux acronyme mp3 est fréquemment utilisé pour évoquer la musique sur Internet ou les baladeurs numériques. Or, il ne s'agit que d'un format de compression parmi d'autres. Il reste certes le plus courant, mais s'avère en fait le moins utilisé dans le cadre de la musique légale. En effet, ce format n'inclut pas de système de gestion des droit numériques (en anglais : digital rights management, DRM) et ce n'est donc pas le format utilisé par la plupart des plates-formes de vente. Ce sont donc plutôt ces DRM qui se trouvent au coeur de la problématique. Formats de compression uIl existe d'innombrables sites discutant des
qualités respectives des différents
formats. Nous n'entrerons pas ici dans ce débat.
Le second niveau de description s'attache au
statut légal du format. Là aussi
il s'agit d'une constante de tous les types
de formats informatiques. Ils sont propriétaires
ou non, c'est-à-dire rattachés
à une marque ou non. Ils peuvent être
ouverts ou fermés. Un format ouvert voit
son mode de codage des données publié
et n'est pas protégé par un brevet
ou un copyright. Un format est dit fermé
s'il contredit l'une de ces conditions. DRM Les DRM désignent les techniques cryptographiques permettant de contrôler l’usage qui peut être fait d’un fichier. Il s'agit d'un verrou informatique reflétant la licence d'utilisation accordée. Ils gèrent notamment :
La solution DRM la plus présente sur le marché est celle de Microsoft (WMA DRM ou « Janus »). Elle est utilisée par la plupart des sites de vente. Elle est compatible avec la majorité des baladeurs – à l'exception de l'iPod d'Apple. Elle est bien entendu liée au format de Microsoft, le WMA. Elle implique l'utilisation de Windows et son logiciel de lecture « Media player ». Les autres systèmes d'exploitation sont de ce fait exclus. gCette solution est en concurrence directe avec celle
d’Apple (Fairplay) qui est couplée
au format AAC et protège les titres vendus
sur la plate-forme iTunes. Ce format DRM ne
peut être décodé que par
le baladeur maison, le iPod. Les solutions DRM, dans leurs applications
actuelles, se trouvent au coeur d’un vaste
débat. Les DRM pourraient constituer
une solution à la gestion des droits
d’auteurs et droits voisins pour les média
en ligne. Ils pourraient ainsi servir pour les
médiathèques à gérer
le prêt en ligne de fichiers audiovisuels. Typologie des sites de musique en ligneModes de diffusion principaux Deux principaux modes de diffusion semblent se dessiner, la vente à l'unité ou l'abonnement. Tous les sites ne proposent pas de formule d’abonnement. Les sites qui proposent des abonnements semblent proposer aussi la vente à l’unité à prix préférentiel. Vente à l'unité En ce qui concerne la vente au titre, le prix
d’environ 1,50 Francs suisses semble être
devenu la norme (0.99$ puis 0.99€ établis
par les premiers sites de vente). Abonnement Les abonnements mensuels sont proposés
entre 5 $ et 15 $ selon les fournisseurs et
surtout les options disponibles liées
aux DRM. Durant la période de validité
de sa souscription, le client a accès
à l'ensemble des titres du catalogue
et peut les télécharger, mais
pas les graver sur un CD. Dès qu'il ne
paye plus par contre, il n'a plus rien. Yahoo propose un service similaire intitulé
Yahoo music unlimited, lui aussi décliné
en version écoute sur PC uniquement ou
aussi sur baladeur http://music.yahoo.com/unlimited.
A l'heure actuelle, il n'est accessible qu'aux
États-Unis. Sur le marché européen,
Yahoo propose aussi une section musique, mais
elle se limite à des offres gratuites
– des clips vidéo et des radios
en ligne http://fr.launch.yahoo.com. Tim Roback,
directeur de Yahoo music, cité par ZDNet
(Dumout, 2006) estime que le marché francophone
n'est pas encore prêt pour les offres
payantes sur abonnement. Modèles alternatifs Les modèles décrits plus haut restent principalement les canaux de diffusion des productions des grandes majors du disque. La production indépendante y est encore peu présente (Nicolas & Conradsson, 2005 : p. 40-41). Il n'est pas du tout certain que la concentration du marché physique ne se retrouve pas en ligne. Nous observons toutefois le développement de modèles alternatifs particulièrement intéressants. Ils sont le fait de deux courants : l'édition indépendante et une certaine frange de la communauté des internautes préoccupés par la diffusion démocratique des contenus. Si nous nous référons à nouveau à notre schéma de la « chaîne de diffusion», il s'agira des chemins grisés. Vente sans DRM Certains labels qui ne se trouvent pas dans
le giron des grandes majors offrent une approche
plus souple de la musique en ligne. Certains sites se positionnent comme plate-forme pour les musiciens autoproduits. C'est ainsi le cas du site suisse Europamp3 http://www.europamp3.org. Là aussi, les fichiers musicaux ne comportent pas de DRM, il est en outre possible d'écouter entièrement les morceaux en streaming avant de les acheter. Ces plates-formes mettent en avant leurs contenus « libre de DRM », mais finalement, elles restent dans leur modèle économique proche des grandes plates-formes décrites plus haut. DRM alternatif Il existe un modèle alternatif basé
sur les DRM, il s'agit de la technologie Weed.
On en trouvera description sur le site Weedfrance
http://www.weedfrance.com. Le peer-to-peer légal Comme nous l’avons vu, Napster s’est
« légalisé » en abandonnant
la technologie peer-to-peer. Vers le Web 2.0 Le Web 2.0 est une étiquette placée sur les technologies les plus innovantes du Web, notamment celles qui favorisent les échanges entre internautes et celles sur lesquelles s'appuient les sites de services. Il s'agit d'un concept assez vaste, pour ne pas dire flou. Tim O'Reilly, considéré comme l'un des inventeurs du concept en a donné sa définition dans un article traduit par InternetActu (O'Reilly, 2006) La musique représente un domaine où
les potentialités du Web 2.0 s'avèrent
particulièrement parlantes. Le phénomène des blog peut aussi
s'étiqueter Web 2.0. Les blogs musicaux
sont devenu en peu de temps des sources incroyablement
riches pour l'information musicale. Tout un
chacun peut publier au jour le jour ses critiques
accompagnées des morceaux concernés.
Nous retrouvons ainsi un élément
de la longue traîne : la multiplication
de sources très spécialisées
dans des courants musicaux pointus, améliorant
la visibilité et éventuellement
la disponibilité des enregistrements
correspondants. Napster se positionne ainsi à notre avis comme l'un des futurs grands acteurs de la musique en ligne et comme un sérieux concurrent pour les médiathèques. Myspace http://music.myspace.com représente aussi un cas intéressant. Il s'agit de l'un des plus vastes réseaux sociaux (Blecher, 2005), revendiquant plus de 40 millions de membres inscrits. Il offre à tout un chacun de créer sa page Internet. Orienté dès le départ sur la musique, il permet aux artistes de déposer leurs morceaux sur leurs pages, en streaming et d'en autoriser ou non le téléchargement. Les musiciens présents sur Myspace vont maintenant du petit groupe espérant ainsi se faire connaître aux grandes stars. Le concept de radio en ligne évolue
aussi dans la perspective du Web 2.0. Ainsi
la radio gratuite proposée par Yahoo
France http://fr.launch.yahoo.com, outre des
stations thématiques, propose une radio
personnalisable. Après avoir défini
ses genres et artistes favoris, l'utilisateur
se voit suggérer des titres par le système.
L'auditeur peut noter les morceaux qui lui sont
diffusés et ainsi influencer le «
comportement » de la radio. L'ensemble
des notations permet de définir des similitudes.
Il est aussi possible de partager sa station
avec des amis (inscrits à Yahoo...) Podcasting … ou « baladodiffusion », terme
francophone retenu officiellement par les québécois. Contenus libres Les modèles alternatifs de musique en
ligne les plus prometteurs sont à notre
avis à rechercher du côté
des contenus libres. De nombreuses licences libres existent. L'une
des plus « dynamiques » à
l'heure actuelle semble être « Creative
Commons », abrégée «
CC ». Il faut d'ailleurs préciser
qu'il s'agit d'un ensemble de licences qui regroupent
la plupart des caractéristiques des différentes
approches. Un vaste réseau promeut l'usage
de ces licences http://creativecommons.org.
Des juristes s'emploient notamment à
les adapter aux différentes législations.
Ce travail est en cours pour la Suisse http://creativecommons.org/worldwide/ch.
Les licences Creative Commons sont aussi très sérieusement développées sur le plan technique. Les différentes façons de les inclure dans les méta-données sont bien documentées. De nombreux sites reflètent la créativité
de cette mouvance. Nous citerons notamment Musiclibre.org
http://www.musique-libre.org, portail associatif
visant à promouvoir la musique libre.
Nous décrirons finalement deux sites dédiés à la musique libre particulièrement intéressants, en ce sens qu'ils utilisent des technologies Web 2.0 de manière assez poussée. Jamendo Jamendo http://www.jamendo.com utilise le
concept de « folksonomy ». BNflower Bnflower http://www.bnflower.com/indexFR.htm
repose sur un concept particulièrement
simple et s'estampille lui-même «
résolument Web 2.0 ». Offres destinées aux bibliothèquesAprès ce tour d'horizon de la musique sur Internet nous décrirons quelques offres spécifiquement destinées aux bibliothèques. Bases de données d'écoute Il existe des bases de données musicales
permettant l'écoute en ligne, en streaming.
Leur intérêt reposera sur le contenu
documentaire qui peut être associé
aux oeuvres. Prêt de fichiers musicaux Les bibliothèques danoises ont mis en
place un système de prêt en ligne
de musique : Netmusik https://www.bibliotekernesnetmusik.dk
(Westh Nielsen, 2004). La société américaine Overdrive propose aux bibliothèques une plate-forme gérant le prêt de document en ligne appelée Digital library reserve http://www.dlrinc.com. Elle a débuté avec le texte (ebooks), continué avec les livres audio et, depuis cette année, gère aussi des contenus musicaux et vidéo. Ici aussi, pour les fichiers audiovisuels ce sont les DRM de Microsoft qui sont appliqués. Ce service semble particulièrement bien implanté aux États-Unis. La Médiathèque de l'agglomération Troyenne fait figure de pionnière en France et développe une solution originale de prêt qui semble ne pas devoir reposer sur des DRM propriétaires. Baptisée Ithèque http://www.mediatheque-agglo-troyes.fr/bmtroyes/_/itheque/itheque.htm, elle devrait permettre le téléchargement de fichier chronodégradables. Cette solution est gérée par la société canadienne Tonality http://www.tonality.ca. ConclusionMême si les services de musique en ligne
restent encore rares dans les bibliothèques
publiques, deux conclusions nous paraissent
évidentes. Reste à savoir quelle attitude nous
allons adopter face à ces nouveaux modes
de diffusion, pour ne pas dire, quelle position
allons-nous défendre. Des services « clés en mains »
vont se développer sur le modèle
de Digital library reserve. Ces services auront
aussi un certain prix – ce qui est normal,
mais leur usabilité s'avérera-t-elle
satisfaisante pour nos usagers ? En d'autres
termes, lorsqu'ils les mettront en concurrence
avec les plates-formes commerciales, y trouveront-il
un avantage? Enfin, débat déjà familier à nos collègues des bibliothèques scientifiques avec les périodiques, nous nous trouverons pieds et poings liés aux éditeurs et aux technologies informatiques propriétaires. Les bibliothèques publiques ont peut-être
finalement un plus grand rôle à
jouer du côté de la musique libre.
Que l'on nous permette pour conclure de défendre
une approche militante (utopiste?) de la musique
en ligne pour les bibliothèques. Notes(1) En deux mots, le « peer-to-peer » est un model de réseau
dans lequel les différents intervenants jouent à la fois
le rôle de client et de serveur. Il peut être utilisé
pour toutes sortes d’applications : répartition du travail
de calcul entre plusieurs ordinateurs ou, comme dans le cas qui nous intéresse,
échange de fichiers. Les échanges sont répartis entre
tous les nœuds du réseau. Les applications peer-to-peer sont
donc très difficiles à contrôler (pour le respect
des droits d’auteurs par exemple). Il n’est pas possible de
simplement fermer quelques serveurs centraux pour arrêter un réseau
de ce type. L’expression est très fréquemment abrégée
« P2P ». Les tentatives de traduction française sont
« point à point », « poste à poste »,
« pair à pair », « égal à égal
». Nous conserverons dans cet article l’expression anglaise. BIBLIOGRAPHIEALDEN, Chris (2005). Les blogs mettent le son à fond. Courrier international, no 762 ANDERIES, John (2005). The promise of online music. Library journal, juin 2005 ANDERSON, Chris (12.04.2005). La longue traîne. In InternetActu [en ligne]. Paris, Fondation Internet nouvelle génération, [consulté le 6 juin 2006] http://www.internetactu.net/?p=5911 BLECHER, Ludovic et al. (14.12.2005). MySpace à moi. Libération [en ligne], [consulté le 30 avril 2006] http://www.liberation.fr/page.php?Article=344750 BOGUCKI DUNCAN, Nancy ; FOX, Mark A (21.03.2005). Computer-aided music distribution: the future of selection, retrieval and transmission. First Monday, vol. 10 n° 4, [consulté le 1er mai 2006]. http://www.firstmonday.org/issues/issue10_4/duncan/index.html CHAMPEAU, Guillaume (25.10.2005). iMesh revient et devient la 1ère plateforme P2P légale. In Ratatium [en ligne]. S.l. 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Date de création : 10.10.2006 Date de dernière mise à jour : 15.10.2006 |