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Online Information 2006 : se préparer à l’information 2.0
par Ariane Rezzonico

Pour sa trente et unième édition, le congrès Online s’est tenu à Londres du 28 au 30 novembre 2006. Il a réuni environ 700 délégués ainsi que 250 entreprises proposant leurs produits durant l’exposition professionnelle. Environ quarante conférences ont permis de découvrir les nouvelles tendances dans le domaine de la recherche d’information, des bibliothèques virtuelles, du knowledge management ou des outils collaboratifs. Le choix des conférenciers est toujours extrêmement varié et ceux-ci sont issus de milieux très diversifiés comme la NASA, la BBC, IBM ou des administrations publiques (universités, gouvernements).
De nombreux spécialistes proposent des masterclass pour partager avec les participants leurs expériences de chercheur d’information ou discuter des compétences que doivent posséder les professionnels de l’information.
A cela s’ajoute un blog tenu presque heure par heure pendant la durée du congrès et mettant en valeur certains points présentés lors des conférences. De nombreux conférenciers y ajoutent leurs commentaires.

Cette année, le thème central était l’information 2.0 et ses conséquences dans les organisations. Ce point a été abordé soit en termes d’outils soit en termes de nouvelles formes de collaboration au sein des entreprises ou des institutions publiques. Les réseaux sociaux avaient déjà fait l’objet de conférences l’année dernière mais de nombreuses réalisations ont été présentées lors de cette édition.

L’utilisation des blogs et des podcasts à la BBC a montré que ces outils apportaient des informations complémentaires aux sources proposées lors des journaux télévisés ou radiophoniques. Les usagers complètent ces sources en envoyant chaque semaine des centaines d’images et de vidéos sur le site de la BBC. Les responsables du site ont dû imaginer toute une série de scénarii pour répondre à la manière dont les usagers s’informaient. Ils se sont par exemple rendu compte que 80 % de leurs podcasts n’étaient pas trouvés directement sur leur site mais via l’application I-Tunes. Ils ont donc renforcé l’indexation de leurs sources par l'ajout de métadonnées de manière à ce qu’elles soient accessibles à partir d’autres applications. De manière générale on observe dans tous les milieux que la frontière entre producteurs d’information et utilisateurs s’estompe, les échanges se faisant dans les deux sens. On remarque également que des plateformes très coûteuses permettant l’échange de documents ou le travail collaboratif, sont complétées voire remplacées par des wikis ou des blogs nettement plus simples à utiliser mais également beaucoup moins onéreux. Le wiki permet par exemple de construire très rapidement une base de connaissances sur un sujet avec des contributions d'un grand nombre de collaborateurs de différents pays. Tant Microsoft qu’IBM ont adopté ces technologies et observent que le dialogue peut s’instaurer entre employés mais également entre les employés et la hiérarchie. Parfois le blog de l’entreprise va offrir un très bon moyen de s’informer sur l’entreprise sans passer par les journalistes qui vont effectuer une sélection des informations. Par exemple, une interview enregistrée sera proposée intégralement sur un podcast, et une interview effectuée par courrier électronique sera diffusée sur le blog. Il est essentiel que ces applications soient simples à utiliser pour que les collaborateurs se les approprient. Toutes les entreprises proposant le recours à ces technologies constatent que pour encourager les employés à les utiliser, elles ont dû développer de nombreuses aides. Afin d’éviter les dérapages, elles mettent en place des procédures spécifiques.
Les bibliothèques publiques ou universitaires ont également intégré ces outils et le concept "Library 2.0" a été maintes fois évoqué. De nombreux exemples ont illustré ce thème. La British Library a créé une galerie en ligne1 qui propose des podcasts et des webcasts et des bibliothèques publiques, comme la Cheshire Public Library2 , offrent des podcasts de livres audio (libres de droits) pour les enfants. D'autres encore utilisent des wikis pour partager des informations avec leurs usagers.

En ce qui concerne la recherche d’information, on a constaté que Google n’a pas renouvelé sa présence à l’exposition professionnelle. Google vient d’ailleurs d’abandonner son service « Google Answers » certainement pas assez rentable et souvent peu pertinent. La plupart des outils de recherche tirent le maximum de leurs revenus de la publicité (99 % du chiffre d'affaires pour Google) et sont considérés comme des sociétés publicitaires plutôt que de réels outils de recherche. Ainsi, l'outil de recherche d'information scientifique Scirus3 apporte des revenus à la société Elsevier dans la mesure où il fournit des résultats provenant en partie des périodiques ou monographies scientifiques publiés par Elservier et de sites scientifiques.
Du côté des nouveautés, MSN a présenté sa nouvelle interface Live Search qui offre de très bonnes options de recherche d’images ou de vidéos. Windows Live propose une nouvelle application « Live Search Academic » en version Beta, qui semble offrir un contenu plus homogène que Google Scholar et qui permet, par exemple, de trouver des références structurées que l'on peut récupérer dans un logiciel de gestion bibliographique (EndNote,etc.). Actuellement, il est encore difficile de se faire une idée précise des fonctionnalités de « Live Search Academic » car ce service est en développement. On remarque que de plus en plus d'outils intègrent une fonction de recherche de flux RSS. Les outils qui proposent la catégorisation et le filtrage des résultats étaient également mis en valeur. Accoona4 ou Exalead5 proposent ces options et sont toujours cités par les professionnels de la recherche comme offrant des fonctionnalités particulièrement utiles. Sur Accoona, on peut ainsi cibler les résultats en fonction de différents critères comme les entreprises, les lieux, les personnes, etc. Cet outil recourt à l'intelligence artificielle pour analyser les termes entrés lors d'une requête afin de contextualiser les résultats. Quant à la société Exalead, elle proposait un stand et son président, François Bourdoncle, intervenait dans des conférences.

Les conférenciers se sont tous entendus pour affirmer que toute recherche professionnelle d'information doit être réalisée sur des robots travaillant avec des algorithmes (comme Google) mais également sur des sites où la personnalisation et la sélection humaine sont essentielles. Les réseaux sociaux où le partage d'information est valorisé (comme le propose un site tel que Del.icio.us6 ) sont fortement plébiscités. On observe d'ailleurs que de plus en plus de bibliothèques intègrent ces outils spécifiques au Web 2.0 qui les rendent interactives, collaboratives et multimédias.


La prochaine édition d'Online Information aura lieu du 4 au 6 décembre 2007 à Londres. Les informations sont disponibles sur le site d'Online à l'adresse http://www.online-information.co.uk/

Notes

1) http://www.bl.uk/onlinegallery/homepage.html
2) http://wwww.cheshirelibrary.org/index.htm
3)http://www.scirus.com/
4) http://eu.accoona.com/fr/
5) http://www.exalead.com
6) http://del.icio.us/

© Ressi, no.5, mars 2007, ISSN 1661-1802, tous droits réservés Retour en haut de la page

Date de création : 21.03.2007
Date de dernière mise à jour : 22.03.2007