L’évaluation de la biodiversité repose sur l’échantillonnage standardisé de 5 groupes biologiques complémentaires du point de vue écologique : la végétation aquatique, les Gastéropodes aquatiques, les Coléoptères aquatiques, les Odonates adultes et les Amphibiens.
Les Amphibiens sont déterminés au niveau de l’espèce, les 4 autres groupes au niveau du genre.
L’indice est produit selon la méthodologie décrite dans la Directive Cadre Européenne sur l’Eau (DCE 2000). Il s’agit du rapport entre la biodiversité observée dans un écosystème donné et la biodiversité prédite pour le même écosystème dans un état non dégradé.
La méthode IBEM est composée de deux parties :
Elles ont été conçues de façon à être facilement utilisables par des professionnel-l-es de l’environnement (biologiste ou ingénieur).
Les petits plans d’eau (mares, étangs, petits lacs) hébergent une grande biodiversité (nombre d’espèces total et/ou menacées), souvent plus importante que celle des autres milieux aquatiques (rivières, fleuves, canaux, lacs ; Williams et al. 2003 ; Angélibert et al. 2006). Par leur grand nombre, estimé en Suisse à 32'000 (Oertli et al. 2005b), ils contribuent significativement à la conservation de la diversité biologique régionale et nationale. Relevons que ce n’est pas uniquement en Suisse que les étangs sont très abondants : au niveau mondial, Downing (Downing et al. 2006) estime leur nombre à 300 millions, leur conférant un rôle essentiel dans la dynamique des éléments chimiques et notamment du Carbone (= puits de Carbone ; Downing et al. 2008).
C’est pour ces raisons qu’un premier projet a été réalisé sur les étangs et petits lacs de Suisse par l’Université de Genève entre 1996 et 1999 (projet OFEV N° 753-BA-1113 ; Oertli et al. 2000). Il a permis d'effectuer pour la première fois en Suisse une évaluation globale de ces petits milieux de vie. Une méthode standardisée (dénommée “PLOCH“) a alors été proposée.
Cette méthode PLOCH était toutefois présentée dans une version encore difficilement accessible aux gestionnaires (notamment à cause du coût très élevé, ou encore du niveau de détermination à l’espèce requis). C’est pourquoi, l’Ecole d’Ingénieurs HES de Lullier a élaboré entre 2005 et 2007 (projet HES-SO RealTech, N° 15399), une nouvelle méthode nommée IBEM (Indice de Biodiversité des Etangs et Mares), en collaboration avec différentes équipes de gestionnaires d’étangs et spécialistes des groupes taxonomiques. Cet indice permet d’évaluer la biodiversité d’un étang par une classe de qualité. La méthode se veut économique, facile à mettre en œuvre par des bureaux d’étude ou gestionnaires, et euro-compatible (en accord avec les principes d’évaluation de la Directive Cadre Européenne sur l’Eau (DCE 2000)).
Le développement de la méthode dans sa version fondamentale (nommée “PLOCH“) a été finalisé par un article validé par la communauté scientifique. Il a été publié en 2005 dans le journal international Aquatic Conservation: Marine and Freshwater Ecosystems (Oertli et al. 2005a, PDF). La version appliquée “IBEM“ est actuellement en préparation (Indermuehle et al. 2008) et sera soumise en 2008 dans un journal scientifique international. L’IBEM sera également présenté publiquement lors d’une conférence à l’occasion du 3ème workshop international de l’European Pond Conservation Network (EPCN), en mai 2008 à Valence (Espagne).
L’IBEM est un indice global d'évaluation de la biodiversité et doit donc être utilisé dans cet objectif. Il est particulièrement utile quand une standardisation est requise, par exemple à des fins de comparaisons temporelles (suivi d’un milieu) ou spatiales (comparaison de plusieurs milieux).
L’échantillonnage effectué dans le cadre de la mise en œuvre de l’IBEM permet de dresser une liste d'espèces "exhaustive" concernant les Amphibiens. En revanche, ce n'est pas le cas pour les 4 autres groupes, étant donné que la détermination est effectuée au genre. L’IBEM ne remplace donc pas les travaux d’inventaires destinés à déceler la présence des espèces rares.
Le coût de la mise en œuvre de la méthode sur un étang est relativement modeste, de l’ordre de grandeur de la mise en œuvre d’un indice biotique annuel sur une rivière (IBGN ou macroindex). L'investissement pour l'évaluation d'un étang de 5000 m2, s’élève à environ 50 heures de travail.
Tableau 1: Estimation de l'investissement en heures
Cet outil a déjà été testé pour l’évaluation de la biodiversité d’environ 120 plans d’eau de Suisse, dans la majorité des Cantons (base de données des étangs compilée à l’occasion du projet OFEV (Oertli et al. 2000) et d’une dizaine de projets postérieurs).
La méthode a également servi de base à plusieurs programmes d’évaluations de la biodiversité des mares et étangs, notamment le monitoring débuté en 2004 de 30 étangs du Parc National Suisse (Cirque de Macun, Indermuehle & Oertli 2007 ; Oertli et al. 2008) et l’évaluation entre 2007 et 2010 de la biodiversité de 100 étangs piscicoles de la Dombes (Wezel 2007). Des développements sont également en cours pour tester l’application de la méthode à l’évaluation de la biodiversité du littoral lacustre (Aeschlimann 2008).
A l’échelle européenne enfin, des réseaux de gestionnaires ont démontré un grand intérêt pour la méthode. En conséquence, d’autres applications pratiques devraient prochainement voir le jour.
Auteurs principaux : Nicola Indermuehle, Beat Oertli, Sandrine Angélibert, Ecole d’Ingénieurs HES de Lullier, 1254 Jussy -Genève.
Collaborations : Groupe d’Etude et de Gestion de la Grande-Cariçaie, Fondation des Grangettes, Musée Cantonal de Zoologie de Lausanne, KARCH, Université de Genève - Laboratoire d’écologie et biologie aquatique, Laboratoire des technologies de l'Information (Haute Ecole de Gestion de Genève), bureaux d’études AMaibach Sarl, Aquabug, Aquarius, GREN, Natura.
L’étude des 120 étangs, qui a permis l’élaboration de la méthode, a été réalisée avec le soutien de plusieurs partenaires : Office fédéral de l’environnement (OFEV), Cantons de Genève, Jura, Vaud et Lucerne, Commission de recherche du Parc National Suisse, HES-SO (RCSO RealTech). Le projet a par ailleurs bénéficié de données de la part du CSCF et CRSF.
Plusieurs personnes ont également contribué à divers titres : Céline Antoine, Dominique Auderset Joye, Diana Cambin, Gilles Carron, Emmanuel Castella, Jessica Castella, Michael Delaharpe, Raphaelle Juge, Jean-Bernard Lachavanne, Anthony Lehmann, Simon Lézat, Nathalie Menetrey, Jane O’Rourke, Patrice Prunier, Corinne Pulfer, Nathalie Rimann, Véronique Rosset, Mirko Saam, Lionel Sager, Emilie Sandoz